Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/208

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Qui pardonne est son prêtre et son adorateur,
Et l’évangile inné lui bat au fond du cœur :
On est toujours chrétien, quand on chérit ses frères,
Et que l’on a des bras à tendre à leurs misères.
Je le suis ! L’univers est chrétien comme moi :
Les hommes généreux ont tous la même foi.
Leur doctrine varie, et non l’Être-Suprême :
Sous des voiles divers la statue est la même.
Dans l’argile ou dans l’or offrez-lui vos présents :
L’encens qu’on lui décerne est toujours de l’encens.
De son Code sauveur rayez donc un chapitre !
Quand on croit le refaire, ou en change le titre.

XI.
On n’effacera pas ce livre injurié,
Au profit du malheur dicté par la pitié :
Il étend, chaque jour, son règne inévitable.
Le Dieu des affligés n’est-il pas véritable ?
Une religion, qui nous force à l’espoir,
Et de la charité fait la sœur du pouvoir,
N’aura pas de rivale, et ne craint point d’émules.
Nous pourrons l’entourer de nouvelles formules,
Et, comme aux dieux tombés dcThèbe et de Memphis,
Mettre un clinquant mystique autour du crucifix :
Nous pourrons dire au temps degonfler, sous sa brise,
Les voiles de granit de l’immobile Église :