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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/211

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Au joug de ma tartanc attelle donc tes eaux !
J’aspire à des climats où vit la poésie,
Où les vers sont en fleurs, et sentent l’ambroisie.
Naple, à ses jeux du soir, me convoque, en chantant,
Et la maison du Tasse à Sorrente m’attend.
Qui sait s’il n’aura pas, aux jasmins de ces grèves,
Comme un parfum de plus, laissé tomber ses rêves ?
La Sibylle de Cume existe encor pour moi :
J’irai la consulter, ct, plein d’un saint effroi,
Dans leur lit calciné, juger l’une après l’autre,
Deux ombres du vieux monde, exhumé dans le nôtre.
Et Rome ! Je veux voir cette étrange cité,
Qui fit du despotisme avec la liberté,
Et, pavant ses chemins de morceaux de couronnes,
Sous sa chaise curule abima tous les trônes,
Qu’elle écrasa, plus tard, avec son crucifix.
C’est Florence, à présent, qui m’appelle son fils,
Et la voix de l’Arno, qui chante aux murs de Pise ;
C’est Gènes que j’entends : c’est Ferrare, et Venise,
Cette ville-navire, à l’ancre sur les flots,
Qui du Nord maintenant reçoit des matelots ;
Ville chère à Byron, et que rêva Shakspirc,
Peut-être y trouverai-je un écho qui m’inspire.
Conduis-moi donc, ô mer : et si les vents mutins
Ferment devant mes pas les rivages latins,
Pousse-moi sur des bords où l’homme se redresse ;
Comme un soldat de plus, jette-moi dans la Grèce.