Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Qu’ils épargnent leur peine et leur vol désormais !
Qui prédit le malheur ne se trompe jamais.

Toi, dont le sceptre humide a fait jaillir de terre
Le vaisseau hennissant, qui bondit sous la Guerre,
Les siècles t’ont frappé d’un trident moins fécond,
Neptune : et ton vainqueur, l’olivier moribond,
Courbant auprès de toi ses rameaux pacifiques,
Comme un captif honteux languit sous tes portiques.
Ainsi tout, dans le monde, expire sans appui,
Et l’homme fait des dieux qui meurent comme lui !
Leur nom même s’en va. De sa lumière éteinte,
Lequel do ce palais sanctifiait l’enceinte ?
Rien ne nous en instruit, et de son ciel humain
Les décombres sans voix gênent notre chemin.
Sondez de ces débris la muette opulence !
Quel abîme d’histoire au fond de leur silence !.

Le buffle aux flancs épais, au poil farouche et noir,
Se traîne sous la porte, où les femmes, le soir,
Passaient pour chercher l’ombre et les plaines fleuries,
Qui vit passer des dieux les molles théories,
Et les danses de Flore éprise des forêts.
De ces temples, perdus dans d’ignobles marais,
lin pâtre calabrais, repeuplant les ravages,
Y fait paître aujourd’hui quelques chèvres sauvages,