Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/235

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Et qui cache, en riant, un dard dans tes discours !
Je l’aime, et je la crains : l’esprit de ton sourire M’effraie, en me charmant, me repousse, et m’attire, Et de tes yeux chéris l’azur doux et moqueur Trahit, en les faisant, les promesses du cœur.

BÉATRIX.
C’est déjà les tenir, que de toujours les faire.

SAVELLA.
On a peur d’y manquer, quand on les réitère,
Et les serments qu’on tient sont ceux qu’on ne fait pas.

BÉATRIX.
J’ai juré de te fuir… et je suis dans tes bras…
De quoi vous plaignez-vous ?

SAVELLA.
Oh, pourquoi t’ai-jevue ! Ma rudesse t’afflige, et ta grâce me tue. Que je hais mes talents ! Sans eux, sans mes travaux, M’aurais-tu préféré parmi tous mes rivaux ? Courtisé, que j’étais, dans les salons de Rome, Ta jeunesse séduite a cru voir un grand homme… Tu ne comptes pour rien mon amour absolu : Enfant ! ce n’est pas moi, c’est mon nom qui t’a plu.

BÉATRIX.
Puis-je te séparer, insensé, de ta gloire ?
Tu n’éprouves donc plus de bonheur à me croire ?
Si tu deviens jaloux jusqu’à me soupçonner,
Djs-moi ce qu’il me reste encore à te donner.