Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/236

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Quels charmes, quelsattraits, m’ont peupléces retraites ?
J’ai quitté les plaisirs…

SAVELLA.
Hélas ! tu les regrettes.
Jusqu’en ces lieux d’ailleurs, où je vis inconnu,
Le tumulte de Rome est déjà parvenu.
L’écho qui dit mon nom ne t’a-t-il pas suivie ?
Tu n’estimes de moi que l’éclat de ma vie :
Je perdrais ton amour en perdant cet éclat,
Je perdrais tes regards… et tu m’aimes !…

BÉATRIX.
Ingrat !

SAVELLA.
Ah ! si l’on est ingrat par excès de tendresse,
Le seras-tu jamais ?

BÉATRIX.
L’exigente tristesse ! Comment douter de moi, qui t’obéis toujours, Qui de ta volonté fais l’ordre de mes jours ?

SAVELLA.
J’ai soin de ne vouloir que ce qui peut te plaire.

BÉATRIX.
Que ta froide douceur me cache de colère !
Sois donc juste une fois, ou du moins généreux ;
Je crois que ton bonheur est d’être malheureux.

SAVELLA.
Je le serai bientôt, j’en ai la conscience :
L’avenir me fait mal, comme l’expérience.