Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/246

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Une pâleur de marbre erra sur son visage ;
A ses pieds incertains le sol se déroba,
Et, près d’Hivor tremblant, sans force elle tomba.
Sa main voulait d’Hivor serrer la main fidèle,
Ses lèvres s’assurer qu’il se souviendrait d’elle,
Et son œil presque éteint, se détournant des cieux,
Au moins à des regards confier ses adieux ;
Sa main n’obéit pas à sa triste pensée,
Et, cotnme ses regards, sa bouche fut glacée.

VI.
Hivor, de son amante inutile soutien,
Pleurait sur ce cœur sourd au brisement du sien ;
Et ses yeux, où les pleurs s’arrêtaient pour maudire,
Contemplaient fixement les progrès du martyre,
Semblable au désespoir, créé par le ciseau,
Dont les larmes de pierre adjurent un tombeau.
Bientôt du château-fort, dont ils savaient les routes,
Les bruits désolateurs abordèrent les voûtes.
A ce signal connu le vieillard s’attendait ;
Mais, quand il eut compris qui la mort demandait,
Il s’accusa tout haut de sa longue carrière,
Et gémit. Le clergé fut se mettre en prière,
Et le vieux chapelain fit, du chœur jusqu’au seuil,
Vêtir pour le convoi son église de deuil.