Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/25

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d’avance à l’accusation, qu’on pourrait formuler contre moi, d’avoir voie à un autre ce qu’un autre m’a emprunté.

Quoique ce recueil ait fait peu de bruit, j’en ai cependant, par-ci, par-là, entendu dire beaucoup de mal. Je n’essaierai point d’en dire du bien ; mais il est un reproche que je veux relever, moins encore dans mes intérêts, que dans celui de l’art et de la justice. J’avais autrefois tenté de le prévenir, en annonçant l’intention de joindre à c^s poésies quelques réflexions, au moins spécieuses, sur le langage particulier de la passion, sur le caprice de ses métaphores, ses ruses, ses hardiesses, ses raffinements de subtilité, sur ce qu’on appelle dans Pétrarque de l’afféterie, de la recherche ou de la manière. Et en effet la lecture assez habituelle de ce poète m’a fait croire qu’il n’y a souvent rien de plus naturel que ce qui semble ne pas l’être. On n’a tenu compte de cette bonne intention, et l’on a même invoqué contre moi Boileau, qui n’a, que je sache, rien à voir en cette affaire ; le premier des aveugles, quand il s’agit de juger les couleurs, ne vaut pas le dernier des borgnes. Qu’on me permette de traiter ici en peu de mots une thèse, que j’ai développée dans un autre ouvrage ! J’aime assez les paradoxes, qui sont des vérités ; mais je n’en abuserai pas.