Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/250

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Ses yeux seuls étaient vifs, et ce regard de flamme,
Qui semblait, sous ses cils, échappé d’une autre âme,
Éclairer sans chaleur son teint mat et plombé,
Et son front vers la terre incessamment courbé,
Donnaient à sa personne une apparence étrange :
De deux êtres divers obscur et sourd mélange,
On ne pouvait la voir sans être apitoyé,
Ni la plaindre pourtant qu’on n’en fût effrayé.
Sa beauté s’éclipsait : un terne et lourd nuage,
Aux yeux mêmes d’Hivor, altérait son visage ;
L’épiderme vivait : le ver était dessous.
Ililmide, comme en proie au céleste courroux,
Portait partout le sceau d’une existence éteinte,
Et se décomposait sous sa livide empreinte.

XI.
Hivor qui la voyait se mourir en détail,
De sa fin sur lui-même observait le travail,
Et, pliant sous la main sur Hilmide étendue,
Il la pleurait vivante, après l’avoir perdue.
Justifiant ses pleurs, il entendit, un soir,
Des chants plaintifs nager sous les murs du manoir.
Il les suivait de l’âme, et son inquiétude,
De sa pale compagne épiait l’attitude.
Si tremblante naguère, aujourd’hui sans effroi.
Elle semblait lui dire : Ils ne sont pas pour moi !