Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/252

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Quand d’Hivor cependant la tristesse jalouse
Lui voulait, devant Dieu, donner le nom d’épouse,
Un malaise évident rembrunissait son front ;
Un serment rappelé lui tenait lieu d’affront.
Sans avoir pour prétexte une douleur farouche,
L’impiété d’Hivor avait changé de bouche.
« Ami, tu t’en souviens, le jour même où le sort
» Vint, presque dans tes bras, me chercher pour la mort,
» Fut la veille du jour, où, dans ta sainte église,
» Nous devions nous donner une foi tant promise.
» Ah ! j’en suis sûre, Hivor, si je vais à l’autel,
» J’entendrai soupirer les flots du lac mortel.
» Je mourrai ; mais le ciel gardera sa victime :
» Je mourrai pour toujours, en t’accusant d’un cri me. »
Il cédait ; puis, bientôt reprenant ces débats,
C’était d’autres refus, suivis d’autres combats ;
Et, recourant à Dieu, qui l’avait vu rebelle,
Il le priait, pour lui, d’être indulgent pour elle.

XIII.
Ne pouvant à l’hymen décider son amour,
Hivor, que le chagrin minait de jour en jour,
S’en fut trouver l’abbé du prochain monastère,
Espérant qu’un conseil, pieusement austère,
Obtiendrait un pouvoir que ses pleurs n’avaient pas
L’abbé, qui connaissait les douleurs d’ici-bas,