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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/259

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Eurymèno, voyant s’échauffer les alarmes,
De la paix, sur son luth, veut donner le signal :
Un trait, qui vient mourir sur son front virginal,
Déroule, en se fondant, l’or bouclé de ses tresses,
Que font du mol Eurus voltiger les caresses :
Et la nymphe, incertaine où diriger ses pas,
Voit partout l’ennemi, qu’elle ne connaît pas.
De son col gracieux Eucharis était fière :
Calypso l’a blessé de sa blanche poussière.
Phléga sous un cyprès médite ses assauts,
Et Lycoris l’attaque, et fuit dans les roseaux.
Derrière un coudrier, Nysa, qui se dérobe,
Sent la neige d’Hellé se glisser sous sa robe.
On voit de toutes parts courir les combattants,
L’un l’autre s’aveugler de leurs cheveux flottants,
Et tenter, au hasard, des attaques peu sûres :
De ris et de baisers on mêle les blessures :
Des vaincus, qu’on poursuit, les cris vont, jusqu’aux cieux
Égayer le nectar sur la lèvre des dieux.
Dans l’arbrisseau natal les Dryades craintives
S’empressent à cacher leurs terreurs fugitives,
Et les autres guerriers, par un adroit chemin,
Avec les traits glacés qui rougissent leur main,
Sous ces abris noueux assiègent leurs compagnes.
Les combats plus bruyants agitent les campagnes.
Les Faunes, enflammés d’un espoir curieux,
Les Sylvains, secouant le sommeil de leurs yeux,
Se lèvent tous d’accord ; et tous, d’un long silence,