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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/28

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est vrai qu’il n’ait pas bien mesuré le jet de son hyperbole, s’il brise ou s’il émousse une flèehe eu la lançant, s’il se trompe dans le choix d’une arme ou d’une parure, que de fois il rencontrera, dans ce que vous appelez le bizarre, le trope qui lui convient, le mot juste dont il a besoin ! et ce mot, qui n’est pas de votre vocabulaire de tous les jours, qui ne doit pas en être, soyez sûr qu’il ne vous paraît faux, mignard, exagéré, que parce que, si vous pouvez suivre le poète, vous ne daignez pas monter où il s’élève, vous n’osez pas descendre où il descend. Je ne pousserai pas plus loin ce panégyrique ou ce réquisitoire. Bon ou mauvais, c’en est assez, non pas pour excuser mes fautes, mais pour justifier quelques rares esprits du reproche erroné, qu’on leur adresse, de manquer de naturel et de vérité. Sur cent vers de Pétrarque, qu’on accusera dans le monde de ne pas être ce qu’ils devraient être, il y en a cinquante qui ont raison d’être ce qu’ils sont, et cinquante qui n’ont pas tort.

Je ne dirai plus qu’un mot de ces confidences, et je rétablis ici, comme transition, un dernier paragraphe de l’avertissement. Je le destinais à excuser l’obscurité de plusieurs passages dans quelques-unes de ces rêveries : Supplique, Cosmodésie, Invocation.