Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/281

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GRATIA.

On m’avait dit son nom : je voulus la connaître ;
Imprudent ! que d’ennuis ce désir a fait naître.
Confiant quelquefois aux serments de ses yeux,
Je crus que, de son cœur échos insidieux,
Ses discours n’en voilaient qu’à demi les promesses ;
Mais d’un regard furtif démentant les caresses,
A son premier sourire elle a tout révélé.
De ruse et de franchise incessamment mêlé,
Il esL doux ou méchant, sans avoir rien d’intime,
Et l’ardeur de changer est tout ce qu’il exprime.
Telle que ces esprits, qui gardaient les ruisseaux,
Dont les jours transparents coulaient comme leurs eaux,
Jusqu’au temps où l’amour, comme un souflle d’orage
Qui jette au sein des flots le limon du rivage,
Venait, en leur donnant l’âme qu’ils n’avaient pas,
De leur vie obscurcie enchaîner les ébats,
J’imagine qu’un jour, sa jeune insouciance,
Des chagrins qu’elle inspire, aura la conscience,