Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/286

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Esclave du trépas, avant que d’y descendre,
Qu’on lit bien sur ton front la fatigue d’attendre :
Et que le temps pour toi se traîne avec lenteur !
Tu seras bientôt libre, intrépide lutteur,
Bientôt. Déjà ta joue est creuse et décharnée,
Ta lèvre blanche et morne, et ta tète inclinée
Semble chercher, à terre, où tu reposeras.
Encor quelques efforts, et puis tu dormiras :
Courage ! Va ravir, quand tu le peux encore,
La perle opalisée, où se mire l’aurore.
Travaille, épuise-toi, ton salaire est certain,
Ta gloire aussi. Peut-être, en un joyeux festin,
Quelque noble sauteuse, au sortir du théâtre,
Fera de ton trésor ce qu’en fit Cléopàtre.

Non : l’avarice humaine aujourd’hui compte mieux ;
On ne s’invente plus de vins si précieux.
Va donc, du lit des mers explorant la merveille,
Cueillir, dans ses forêts, la perle qui sommeille.
Une femme bientôt, à des tresses de fleurs,
De sa moire de nacre unira les couleurs,
Et chacun dans les bals admirera l’étoile,
Qui de ses longs cheveux entr’ouvrira le voile :
Tout le monde ! Mais qui s’occupera de toi ?
Personne : ct quand la belle, en ouvrant son tournoi,