Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/297

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Dos fors, ot mieux rivés que oes stupides fors,
Dont un Perse hébété crut châtier les mers.

V.
Il voulait leur donner ses lois pour décalogue,
Et, des flots on tutelle insensé pédagogue,
Traiter, on le fouettant, l’Océan d’écolier :
Le maître a maintenant son captif pour geôlier.
Voyez-vous, vers l’Afrique, un point noir sur lesondes ?
C’est là qu’il est tombé du haut de tous ses mondes.
Tumulaire cachot, c’est là, que l’univers
Retient, dans ses filets, l’aigle déchu des airs.
Oui, c’est là que les rois ont cloué ses tortures,
Ces laquais, galonnés sur toutes les coutures,
Oui tiraient, d’un air fier, son char usurpateur.
Leurs baisers s’arrachaient les pieds du dictateur !
Autour de ses besoins ils luttaient de bassesse !
Sur sa chute aujourd’hui trépignant d’allégresse,
Voyez-les se venger de leur servilité,
Et, porteurs rancuneux de ce dieu culbuté,
User sur ses débris le cuir de leurs bretelles !
En sortant du brancard, ils se sont cru des ailes :
Et, nouveaux dételés, de leur joug oublieux,
Ils ont, pour les salir, voulu tenter les cieux !
Mais qu’importe leur vol, qui sent encor la boue !
Même en les fustigeant, l’épigramme les loue.