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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/296

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IV
Qu’est aussi devenu ce Corse souverain,
Des trônes de l’Europe insensé pèlerin,
Qui, parti, faible et nu, de son île sauvage,
Dans le monde ébranlé passa comme un orage,
Et qui, de son génie armant nos passions,
Remua, dans son cours, les flots des nations !
Partout, où se portait le vol de son épée,
Il semait de son nom la vivante épopée.
La Suisse l’aura vu, labourant ses frimas,
D’Annibal effacé ressusciter les pas,
Et, sur le sol déchu de’l'Italie en friche,
Jeter de ses hauts faits l’avalanche à l’Autriche :
Le monde en retentit, comme un immense écho ;
Le drame d’Austerlitz commence à Marengo.
L’Égypte l’aura vu, dans sa vieille poussière,
De l’aigle tricolore enfoncer la bannière,
Fa, d’un jeune renom chargeant ses rocs surpris,
Du granit infidèle exiler Sésostris.
L’Europe l’aura vu, contre ses capitales,
Rouler de nos soldats les vagues triomphales,
Et, foulant, écrasant, leurs trônes vermoulus,
Déborder, à lui seul, comme un peuple de plus !
Et qu’a-t-il retiré de ses nobles ravages,
Ce iNeptune guerrier, qui courait sans rivages ?