Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/303

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On te dira peut-être, un jour, en vers dévots,
Que la Patrie en pleurs est veuve de ses os :
Que Saint-Denis lui tend sa dernière couronne :
Qu’il lui faut, pour dormir, l’ombre de sa colonne !
Quand Hugo le dirait, Français, n’en croyez rien :
Les morts dorment partout, et son cadavre est bien.
Ne le décaissez pas, pour radouber sa gloire :
Vous pourriez, malgré vous, émietter sa mémoire.
Planté sur un écueil, dont sa taille a besoin,
Il y semble aussi grand, que son sépulcre est loin.
Son ombre de géant, de Paris regardée,
Se mesure par lieue et non plus par coudée.
Adieu cette grandeur, si vous le rappeliez !
En arrivant chez vous, il n’aurait pas cint| piés.

X.
Mais c’est assez, je crois, parler de ce fantôme :
Voyons ce qui se fait dans son ancien royaume :
C’est un pauvre spectacle, un spectacle bien laid,
Et qui coûte fort cher, tout gratuit qu’il est.
Notre saint roi, suivant sa pieuse carrière,
Au char de l’avenir s’attèle… par derrière.
En vain notre vaisseau, par la gloire lesté,
Toutes voiles au vent, marche à la liberté :
Le pouvoir attentif veille sur le rivage,
Et pousse à reculons le siècle à l’esclavage.