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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/317

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Et nous n’en gardons rien, qu’un regret et des pleurs ;
Mais la terre nous reste, elle a toujours des fleurs :
Et quand notre œil, sévère à leur théogonie,
N’en veut plus écouter la muette harmonie,
Il s’en échappe encor des secrets éternels.
Du Dieu qui les fit naître éphémères autels,
Au lieu de voir nos jeux dormir dans leurs calices,
Nous y lirons du ciel les futures délices.
Ces soleils escarpés, dont les lettres de feu
Écrivent, en marchant, la parole de Dieu,
N’en sont pas, croyez-moi, de plus sûrs interprètes,
Que ces astres frileux, dont vous parez vos têtes,
Et qui, de mois en mois, changeant d’inclinaisons,
Dessinent dans nos parcs le cercle des saisons.
Aussi bien qu’un pontife, un bluet nous révèle,
Que le plaisir est court, mais qu’il se renouvelle ;
Pourquoi chercher ailleurs de plus doctes conseils ?
Lisez, lisez des fleurs les oracles vermeils :
Religion mobile, et pourtant immortelle,
Dans ce monde idolâtre, une autre la vaut-elle ?

ADRESSE.
Vous aimez tant les champs, qu’en écoutant ces vers,
Vous avez cru, soustraite aux glaçons des hivers,
Retrouver du printemps l’opulence embaumée :
Ils ne sont plus à moi puisqu’ils vous ont charmée.