Aller au contenu

Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/333

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Distillent en poison le.miel de leur parfum ?
Ne faites pas vos maux des douleurs de chacun.
Le bonheur vient à nous, quand le cœur l’y convie :
Il dépend du coup d’œil, qu’on jette sur la vie.
Autant que l’infortune, on le porte avec soi :
Vous qui croyez à Dieu, ne manquez pas de foi.
Il fleurit, voyez-vous, dans une âme profonde,
Plus de félicité, que n’en rêve le monde :
Jouir avec délice, et sans emportement,
D’un éclair qui nous fuit, mais qui brille un moment :
De nos chemins scabreux éviter les ravines,
Et, quand la ronce y pousse, en ôter les épines :
Confier son épargne aux clefs de la pitié :
Même quand elle trompe, absoudre l’amitié :
Douter du mal qu’on voit, croireau bien donton doute :
Secourir les blessés, qu’on trouve sur sa route :
Excuser les méchants, armés contre nos jours,
Et les décourager, en pardonnant toujours :
Si ce n’est le bonheur, c’en est au moins le gage.
Sa pureté céleste en fait votre apanage :
Prenez tout, Maria, sans pourtant oublier,
Qu’il faut le partager, pour l’avoir tout entrer.
Trésor de charité, que l’égoïsme étonne,
Il se double toujours de la moitié qu’on donne.