Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/334

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CONTEMPLATION.

Depuis qu’on vous a dit que souvent la pensée,
A ma plume inquiète, échappe cadencée,
Vous croyez, Maria, que mon rêve assidu,
Au luth qu’on me suppose est toujours suspendu,
Et qu’occupé toujours de tragiques discordes,
Mon esprit nébuleux flotte autour de ses cordes !
Si je préfère au monde, où j’ai long-temps souffert,
D’un bois qui m’en distrait l’officieux désert :
Au lourd bourdonnement d’un frelon de ruelles,
L’insecte délicat qui chante avec ses ailes,
Et, loin du vol épais de vos faux papillons,
L’air vivant de la plaine à l’air mort des salons :
Vous croyez qu’emporté par un vague délire,
Je ne demande aux champs qu’un souffle qui m’inspire !
Attendez, Maria : vous me connaîtrez mieux.
Moi, de la solitude amant injurieux,
Aller, de mes travaux tourmentant la nature,
Pour glaner du talent, exploiter sa parure !