Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/343

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Pourquoi, tle ma retraite entraîné jusqu’à vous.
Et cherchant, loin du mien, un ciel à vos genoux,
Ai-je, à ma solitude avidement parjure,
Cru, dans vous seule, hélas ! retrouver la nature ?
J’étais tranquille au moins, si je n’étais heureux :
Je jouissais des champs, sans rien exiger d’eux ;
Et, sans vouloir de vous exiger davantage,
Je sens, avec mes vreux, varier mon langage.
Je sens que, malgré moi, je m’enlace à vos jours :
Séparez des fuseaux, qui se mêlent toujours ;
Je ne veux pas ternir voire éclat de mon ombre.
De ceux qui m’ont trompé n’augmentez pas le nombre !
Vous aimez mon amour : moi, vous ne m’aimez pas.
D’un dédale d’orage, ô préservez mes pas !
ïSe brisez pas mon âme, après l’avoir ravie :
Pour la voiler de pleurs, ne gardez pas ma vie !

Peut-être est-il encor possible de changer :
Ordonne-moi de fuir, pour que j’ose y songer.
D’un supplice de plus que t’importe l’hommage !
Sans m’ôter mon amour, donne-moi du courage :
Dis-moi de retourner dans mes anciens déserts.
J’irai, de mes forêts rouvrant les cloîtres verts,
De ta voix que j’emporte y bercer la mémoire :
En rêvant que j’entends, je tâcherai de croire.
Quand les nids chanteront, là je te répondrai,
Et là, de fleurs en fleurs, je te retrouverai :