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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/348

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Quand, prêtre d’un sépulcre, on y vit solitaire,
L’holocauste souffrant d’une idole de terre :
Quoiqu’on l’ait lu cent fois, qui peut imaginer,
Qu’il reste au dévoûment une preuve à donner ?
Il la donne pourtant, le plus beau diadème,
Qu’on ait jamais placé sur la tête qu’on aime.

Quel drame nuptial, et palpitant d’effroi,
Que cette scène unique, où l’amant devient roi :
Où, jeune, mais voûté, pliant sous son courage
Et, les cheveux blanchis par le froid du veuvage
Le prince, avec sa cour, va, de son nouveau sort
Demander au Seigneur la moitié pour un mort !
Cette fête d’orgueil, par la tristesse éteinte,
C’est la nuit qui la voit, le beffroi qui la tinte.
Le roi, les courtisans, les prêtres sont en deuil
L’église s’est changée en un vaste cercueil.
Point de femmes ici, que l’élégance anime !
Comme l’affliction le crêpe est unanime.
Seul, assis sous le dais, où veille l’ostensoir,
Sur un trône, dont l’or rend le dôme plus noir,
Un être, chamarré de riches broderies,
Brille, silencieux, du feu des pierreries.
Sans le souffle du soir qui court sous les arceaux
Et fait trembler sur lui le reflet des vitraux,
Kien ne dérangerait sa parure insensible :
Il ne bat pas de cœur sous sa pourpre impassible