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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/359

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Qui paraissez promettre, en ne répondant pas,
Ou cachez vos refus, en répondant trop bas :
Comment supposez-vous que mon encens tranquille
Suive, sans s’effrayer, un astre si mobile ?
Votre voix, Maria, jamais je ne l’entends,
Sans songer queces mots, qui metroublent long-temps,
Dans une âme rivale ont retenti la veille,
Ou demain d’un flatteur iront charmer l’oreille.
Quand, sur mon sein troublé reposant ta langueur,
Un orgueilleux plaisir m’intimide le cœur :
Quand mon bras, qui s’enlace autour de ta mollesse,
Tremble, par ses frissons, d’offenser ta faiblesse,
J’attriste ce bienfait : je sens, infortuné !
Toi, qui ne conçois pas ce que tu m’as donné,
Qu’un autre aura son tour, et, jouissant de vivre,
Soutiendra, comme moi, le fardeau qui m’enivre.

Hier, car c’est hier, qu’en glissant sur les eaux,
Qui berçaient ta fatigue, en endormant mes maux,
Pour la première fois j’ai vu la rêverie
Incliner sur mon cœur ta tête endolorie :
Hier, je me disais, dans mon instinct d’effroi :
Avant qu’elle ne change, ô Dieu ! rappelez-moi !
Le front mystérieux, les paupières baissées,
Tu ne me parlais pas : je lisais tes pensées !
Comme autour d’un vieux saule un chapelet de fleurs,
Elles rafraîchissaient mes rameaux de douleurs ;