Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/370

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Comme la clématis, qui, de ses banderoles,
Le long de vos sentiers suspend les girandoles,
Sur votre front plus pur je voudrais me bercer :
Me cacher sous la mousse où vous allez passer,
Et, comme ces muguets dont l’épi s’y dérobe,
Baiser de mes parfums et tes pieds et ta robe.
Je voudrais devenir tout ce que vous aimez,
Vous sabler vos chemins de rubis embaumés,
Et, mêlant pour te voir mon âme à la lumière,
De l’or de mes baisers éblouir ta paupière :
Je deviendrais ta vie, en ne songeant qu’à toi,
Ton rêve, ton sommeil, ton espoir et ta foi.
Prenant, pour t’adorer, mille formes vivantes,
Je deviendrais pour toi le dieu que tu t’inventes,
Et tu m’invoquerais avec mes propres fleurs :
Je serais le ciel même, où n’iraient plus tes pleurs,
Et lorsque tu prîrais, moi, soulevant mes voiles,
Je te verrais prier de toutes mes étoiles.

Dieu ! que le soir fait mal à force d’être doux !
Ce paradis nocturne est trop beau près de vous :
La parole résiste à tout ce qui l’inspire.
Oiseaux qui la chantez, en la voyant sourire,
Taisez-vous : vos chansons me volent ses accents.
Vents, de son souffle aimé n’emportez pas l’encens ;
Contentez-vous des lis, que fait plier votre aile.
Je veux ne voir, n’entendre, et ne respirer qu’elle.