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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/377

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Va de mon ménestrel briser le timbre ailé :
Et son arbre demain gémira dépeuplé !
Pour ne pas déplorer le charme de la veille,
Faudrait-il, attentif au cri de la corneille,
N’écouter que la mort, que son vol nous prédit ?
Non : même en s’éteignant, le plaisir se survit ;
Plus lentement que lui son adieu se déflore :
Et pleurer son bonheur, c’est en jouir encore.

Au bout de l’horizon, que borne ce plateau,
Voyez là bas, rasant les herbes du coteau,
Où s’allume pour nous le nocturne prestige,
Ce large œillet de feu, qui nous cache sa tige !
C’est un astre lointain, dans les airs suspendu,
Qui semble cependant, de son ciel descendu,
Venir examiner nos modestes parterres.
Craignez, en approchant, de troubler ces mystères,
Car vous verriez bientôt du globe curieux,
Dans l’azur escarpé, remonter les adieux ?
Gravissez la colline, et la fleur détachée
Fera fuir, devant vous, sa lampe effarouchée.
Faut-il vous en convaincre, et n’est-il pas plus doux
De croire, qu’au ciel même on s’intéresse à vous ?
Ne fût-ce qu’un moment, il est si doux de croire !
Pourquoi vouloir sans cesse éclaircir « notre histoire,
Et défaire un collier, pour en compter les grains ?
Pourquoi, de l’inconnu questionneurs chagrins.