Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/379

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Comme le front d’un lys par le vent agité,
Balancer son silence à chaque vérité.
Que prouvent, direz-vous, cette foule d’emblèmes,
Tous ces voiles brodés, jetés sur nos problèmes,
Hiéroglyphes brillants, dont les signes confus,
Loin d’expliquer l’énigme, en sont une de plus !
Que prouve avec le mal cette sonore escrime,
Et ces rapprochements, dont s’amuse la rime ?
De l’adresse, et le don, qu’on suppose immortel,
De passer, sans le voir, à côté du réel !
— Eh ! qu’est-ildonc de vrai, pour nous, dans la nature ?
Tout n’a-t-il pas, hélas ! son vernis d’imposture ?
Si l’œil, qui veut toucher l’arc-en-ciel radieux,
En démêle de près le tissu pluvieux,
Cet arc en a-t-il moins, sur nos plaines profanes,
Courbé de ses rubans les couleurs diaphanes ?
Etincelle durcie, éclair cristallisé,
Le diamant, qui dort sous tes cheveux posé,
Peut, révélant au feu son obscure naissance,
Perdre en vapeur sa flamme et sa magnificence :
Vaut-il pas mieux laisser son chatoyant sommeil
Parer, sans l’embellir » ton front jeune et vermeil !
Et si, sauvant mes nuits du brouillard qui les voile,
J’y crois voir le bonheur allumer une étoile,
Faut-il, de ce trésor prouvant la vanité,
Au creuset du cerveau dissoudre sa clarté ?