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VOYAGE SUR L’EAU

Quand les vents du solstice, et leurs chaudes haleines.
Semblent jeter l’Afrique et ses feux dans nos plaines,
Qui pourrait, affrontant ces terribles bienfaits,
Des champs incendiés troubler l’ardente paix !
Tout dort pendant le jour : c’est la nuit qui réveille.
Sous les remparts de soie, où sa langueur sommeille,
La paresse captive attend, pour s’affranchir,
La brise du couchant, qui doit la rafraîchir ;
El du corps énervé suivant la nonchalance,
L’esprit attend aussi, pour rompre le silence,
Que les baisers du soir, qui raniment les bois,
Viennent rouvrir sa source et délier sa voix.
Prisonniers du soleil, sa fuite nous délivre :
Ce n’est qu’à son départ, que l’on commence à vivre.
Le génie engourdi, qu’a courbé la chaleur,
Relève de son front l’inquiète pâleur,
Et la pensée enfin, long-temps tyrannisée,
Ouvre sa fleur nocturne aux pleurs de la rosée.