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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/386

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Vous qui pensez déjà, comme s’il était nuit,
Levez-vous, Maria : voilà le jour qui fuit !
Venez, et, comme hier, avares de fatigue,
Nous reprendrons la barque aux saules de la digue :
Et, du croissant tardif devançant les rayons,
Nous irons sur les eaux, comme un nid d’alcyons,
Au souffle d’occident bercer notre indolence.
Entendez-vous de loin l’angelus qu’on balance,
Le dernier bêlement de nos derniers moutons,
Qui nous dit : C’est le soir ? Oui, c’est le soir : partons !

Que le fleuve est tranquille et désert ! l’hirondelle,
Qui ridait son cristal des baisers de son aile,
Sous le toit du pêcheur se délasse du jour :
Nous, qu’appelle des eaux le vagabond séjour.
Allons de l’espérance y promener le rêve.
Détache, batelier, ton canot de la grêve :
Prends tes deux avirons, et gouverne au hasard :
Allons où tu voudras" ; mais aborde bien tard.

Que vous inspire, à vous, ma penseuse chérie,
Ce voile de fraîcheur qui couvre la prairie :