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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/389

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Demain, si j’y repasse, y sera-t-il encore ?
Mon paradis du jour reverra-t-d l’aurore ?
Le temps est plus rapide, hélas ! que notre esquif.
Et quand l’hiver, glaçant le rameur inactif,
De vos foyers frileux vous rendra l’esclavage,
Peut-être, Maria, que, sourde à mon veuvage,
Votre oreille, crédule à de feintes douleurs,
Négligera mes vœux, pour écouter les leurs.
Si je vois, dans l’absence, au fond de ma mémoire,
De ces moments si chers ctinceler l’histoire,
Auront-ils, dans la vôtre, un reflet fraternel ?
Cette fleur, dont nos champs ont hérité du ciel,
Qui force au souvenir, et qui craint qu’on n’oublie,
Oublirez-vous le jour, où vous l’avez cueillie ?
Vous ressouviendrez-vous, qu’hier, dans ce vallon,
Vous me l’avez donnée, en me disant son nom ?
L’hiver doit-il faner cette promesse intime ?
Le serment vaut-il mieux que la fleur qui l’exprime ?
S’effeuille-t-il comme elle, ou, n’engageant que moi,
Quand l’emblème mourra, sera t-il mort pour toi ?

Loin de nous, loin d’ici, ce destin qui m’effraie !
Vous serez, n’est-ce pas, toujours fidèle et vraie ?
Et, sur l’onde qui fuit, vos aveux répétés,
Ne fuiront pas, comme elle, au néant emportés ?
Du plus proche avenir personne n’est le maître :
Mon idole demain peut renier son prêtre ;