Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/388

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Qu’il est loin maintenant, cet oracle morose !
Sous un souffle magique il se métamorphose ;
Plus prompt que ce nuage, au couchant suspendu,
Qui semblait dans les airs un navire perdu,
Et qui, sans que notre œil ait vu ses mâts d’écume
Rapprocher les flocons de ses vergues de brume,
Prêt à changer encor, présente à nos regards,
Sur une mer d’azur, un écueil de brouillards.
L’avenir, dont ta voix a désarmé l’orage,
Laisse au vent, qui l’amène, emporter son présage.
Il a fui, comme un spectre à l’approche du jour,
Comme un reproche amer devant un mot d’amour.
Oh ! quand je souffre ainsi, viens toujours à mon aide.
Conjure, en me parlant, le démon qui m’obsède ;
Exorcise la crainte, et tel que ce bateau,
Qui court légèrement sur la cime de l’eau,
Que je me sente en paix, loin des taches du monde,
Comme un cygne endormi, suivre le fil de l’onde !
Dieu ! que ne pouvons-nous, toujours seuls, toujoursdeux,
Les bras entrelacés, comme le sont nos vœux,
Et sans voir seulement que nous changeons de plages,
De l’existence-ainsi raser les paysages !
Reviendra-t-il demain, le bonheur d’aujourd’hui ?
Aujourd’hui de ma route.il ne s’est pas enfui :