Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/399

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Richesse involontaire, on peut vanter des charmes,
Dont l’éloge souvent est écrit dans nos larmes ;
Mais quel prix, à vos yeux, peut avoir cet encens,
Dont le fade tribut cherche à leurrer vos sens ?
Laissez ce vain hommage à l’orgueil qu’il caresse :
En flattant la beauté, c’est à Dieu qu’on s’adresse.
Sur votre âme plutôt interrogez mes chants :
Et quand, armés de traits pluschagrins que méchants,
Vous les verriez, fuyant le ciel qui les attire,
Dans leur vol plus terrestre effleurer la satire,
Qu’importe ! nous savons qu’on ne vous apprend rien,
En louant des trésors, que vous voyez trop bien.
S’il n’est pas un regard qui ne vous en réponde,
Vous en êtes plus sure encor que tout le monde.
Pourquoi donc m’asservir à vous les révéler ?
Vos vertus, Maria, je n’en veux point parler :
Tous ceux qui vous verront prétendront les connaître.
L’amour seul, plus adroit, sans vouloir le paraître,
Sur les défauts masqués ouvre un œil curieux :
Ce qu’on cache le plus est ce qu’il voit le mieux.

Si mon esprit, jaloux de montrer sa science,
Osait, une seconde, armé d’expérience,
Laisser tomber sur vous des regards indiscrets,
Sans de trop grands efforts croyez que j’y lirais :
Une incrédulité de toute chose humaine,
Qui donne à la franchise un air de phénomène :