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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/398

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Et semble, embarrassé d’une vapeur sonore,
Un astre nébuleux, qui n’ose point éclore.

Quand j’aurais dans la voix le talent radieux,
Qui fit de Raphaël un confident des cieux :
Quand, de deux arts rivaux entrelaçant la grâce,
Mes accents, parfumés de l’Albane et du Tasse,
Diraient que vos cheveux, baisés par le soleil,
De ses rayon6 d’automne ont le reflet vermeil,
Et que, de leurs anneaux, dont la courbe soyeuse
Encadre du profil la pâleur sérieuse,
La gaze, en s’abaissant, pourrait, si vous vouliez,
Couvrir d’un réseau d’or l’albâtre de vos piés :
Quand je répéterais que, candide et hautaine,
L’âme, qui de vos yeux a velouté l’ébène,
Sait aussi de vos traits amollir la fierté :
Et quand j’attesterais, que leur sévérité,
Sait accorder son ombre aux lueurs d’un sourire :
Qui vous reconnaîtrait ? comment, avec la lyre,
Esquisser un regard, qu’on croit venir du cœur,
Et la pourpre railleuse, où glisse un ris moqueur ?
De mon tableau parlé chaque ligne ressemble ;
Mais comment les contraindre à former un ensemble
Chacun groupe à son gré tous ces détails divers,
Et le portrait manqué reste épars en nos vers.