Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/406

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REGARDS EN ARRIÈRE.

L’homme, toujours si prompt à se tout ramener,
Se laisse à ce penchant doublement entraîner,
Quand il aime : son cœur voit partout des miracles,
Et l’univers, pour lui, se traduit en oracles.
Comme un prisme idéal, attaché sur les yeux,
La passion colore, ou rembrunit les cieux,
Et du monde, à son gré, variant la peinture,
Semble, aux teintes de l’âmej accorder la nature.
Le temps même, docile à ses ordres secrets,
Pour chaque rendez-vous semble choisir exprès
L’heure, où l’amour s’entend avec la poésie,
Et que, s’il l’avait pu, le nôtre aurait choisie.
Nousn’avons, en un jour, qu’unmoment pour nous voir :
Et tout s’est arrangé, pour que ce fût le soir.
L’ombre alors, qui la voile, aplanit notre route,
Et le bonheur qui parle en réve un qui l’écoute.