Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/413

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Vous n’avez point aimé, Maria, je le jure :
De vos jeunes tourments le récit me rassure.
Aux maux qui ne sont plus, s’il est doux de songer,
Quand un cœur nous écoute, afin de partager,
Ce n’est pas, quand l’amour a repris ce qu’il donne.
Quand l’âme est en ruine, on ne l’ouvre à personne :
Le silence la ferme ; et vous avez parlé !
Oui, je m’expliquais mal ce front pur et voilé,
Qui, sous un ciel serein, garde encore un nuage :
L’arbre de votre vie a des fleurs pour feuillage ;
Il ne lui faut plus rien, pour renaître vermeil,
Qu’un rayon de bonheur, un baiser du soleil.
Oui, vous les ignorez, ces supplices arides.
Qui nous jettent au cœur de si profondes rides !
Ignorez-les toujours, on ne peut s’en guérir ;
La main de la pitié ne sert qu’à les aigrir.
Ne vous informez pas de ces trombes ardentes,
Dont la fièvre envahit nos rives imprudentes !
En vain le ciel calmé se montre, un jour, plus doux :
Le ciel de l’ouragan n’efface pas les coups,
Et le chêne jauni, qu’a courbé la tempête,
Achève d’exister, sans redresser la tête.