Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/418

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Que son cœur apprendrait plutôt que sa mémoire ;
En me le répétant, je parvins à le croire.

Que de secours, disais-je, aussi prompts que mes vœux
Viendront, sans que j’y songe, aguerrir mes aveux
Que d’heureux incidents une leçon rassemble,
Pour exhorter l’essor d’un hommage qui tremble !
Que de fois, dans un livre, on voit se décider
Le secret hasardeux, qu’on craignait d’aborder :
Et sous le voile adroit de l’auteur qu’on admire,
Comme on se dit souvent ce qu’on n’osait se dire !
Tous ces baisers, éclos d’un récit suborneur,
Dont deux ombres du Dante ont gardé le bonheur,
Semblaient déjà pour moi, s’échappant du poème
Marier mon sourire au sourire que j’aime.
Ivre, avant d’y céder, de tant d’illusions,
Et, sans savoir encor les vers que nous lirions,
Je savais, à quel mot, sa paupière baissée
Devait se relever, pour voir dans ma pensée.
J’imaginais de loin, que mes regards joyeux
Lui gravaient dans le cœur ce qu’épelaient ses yeux
J’inventais, pour l’aider, un encens de parole,
Et, guidant de ces flots la magique auréole,
Autour de son esprit je les voyais errer,
Et parfumer le temple, avant d’y pénétrer.
Mais, comme on l’a conçu, quel ouvrage s’achève ?
Rien ne peut arriver, hélas ! comme on le rêve.