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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/417

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Caprices enchantés d’un âge encor crédule,
Que de temps leur prestige a meublé ma cellule !
Était-ce l’avenir, qui, pour m’y préparer,
M’envoyait ces lueurs, qui devaient m’égarer ?
Oui : l’homme sous son front, que les ans élargissent,
Porte son sort écrit en lettres qui grandissent ;
Et pour qui s’interroge il n’est rien d’imprévu.
Ce songe tentateur, si souvent entrevu,
Ma pensive jeunesse, imprudemment séduite,
N’en devait que trop bien approfondir la suite.
Je devais accomplir ce que j’ai tant rêvé :
Hélas ! tant de bonheur m’était donc réservé !

Une femme parut, qui, sous sa forme blonde,
Appartenant au ciel, en traversant le monde,
Demandait, pour charmer, un langage de plus :
Et, ce qu’elle voulait, bientôt je le voulus.
Je voulus bravement, fort de sa préférence,
Vers des mots inconnus guider son ignorance :
Je ne crus les savoir, que pour les lui montrer.
Dans des sentiers prévus fier de m’aventurer,
Je comptais, inspiré par ces leçons divines,
Et, de l’ennui pour elle arrachant les épines,
Cultiver son esprit, sans jamais le lasser :
J’espérais, lui sauvant la peine de penser,