Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/420

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Quand des rideaux du jour les franges enflammées
Balançaient leurs glands d’or à travers les ramées :
Quand l’humide matin, qui joue avec ses pleurs,
En colorait la perle à la pointe des fleurs,
J’allais, de l’éloquence étudiant les sources,
Des vallons réveillés consulter les ressources.
Le soleil, devant moi, variant mes tableaux,
De ses lettres de feu blasonnait les coteaux :
Et je voyais, en chœur, avec les libellules,
Mille images s’ébattre autour des campanules.
Entouré de trésors, l’attente m’inspirait :
Comme le luth vivant, que l’Égypte adorait,
Et dont l’aube thébaine, éveillant la prière,
Faisait vibrer le marbre épris de sa lumière,
L’aurore harmonieuse embaumait mes discours :
Des guirlandes d’oiseaux, fredonnant leurs amours,
Suspendaient aux buissons leur musique et leurs danses,
Et semblaient préparer mes chants par leurs cadences.
Lorsque sous les tilleuls, rassemblés en arceaux,
Les soupirs de la brise agitaient les rameaux,
Ou, sur mon livre ouvert, berçant les chèvrefeuilles,
En arabesques d’ombre y promenaient les feuilles,
Je voyais Maria, dans l’avenir prochain,
Sur l’ouvrage commun, qui tremblait dans ma main,
S’inclinant, pour saisir une phrase rebelle,
Pencher, comme un bouquet, sa tête d’immortelle ;