Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/421

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Et moi, je lui disais : reste, comme tu veux ;
J’aime à lire un chef-d’œuvre à travers tes cheveux !
Quelque chose de toi, Maria, s’y détache :
J’embellis tous ces vers du voile qui les cache.
Que sais-je ! elle était loin : et je croyais la voir !
Et les mots les plus doux, qu’ait inventés l’espoir,
Semblaient tous à mes yeux, se groupant dans la nue,
Noter des chants du ciel une page inconnue ;
Mais je ne les lisais, hélas ! que sans témoin :
La page s’envolait, quand j’en avais besoin.

Qu’à l’heure du travail, ma tardive écolière
Vint chercher, en jouant, sa leçon journalière,
Mes battements de cœur paralysaient ma voix,
Et tous mes mots d’amour me manquaient à la fois.
J’avais des champs fleuris oublié la lecture,
Et, sans en rien garder, moissonné la nature :
J’oubliais des oiseaux les joyeux carillons,
Accompagnant dans l’air le bal des papillons :
Et t’encens du matin moutait de la prairie,
Sans parfumer mon âme et son idolâtrie.
Excepté Maria, tout semblait se flétrir.
Se peut-il qu’un bonheur nous fasse tant souffrir !

Assis à côté d’elle, un obstacle invisible
Jetait, entre nous deux, sa barrière inflexible :