Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/433

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Pourquoi donc désunir ce que le sort rassemble,
Et gémir séparés, au lieu de fuir ensemble ?
Fiancés par l’espoir, allons, en liberté,
Resserrer, loin du blâme, un hymen contesté.
Ne semons plus nos jours sur une terre aride :
Fuyons ces cercles vains, dont le rire perfide
Rampe autour du bonheur, pour le dénaturer,
Et l’oblige à mentir, pour pouvoir respirer.
Si le ciel, Maria, sous tes grâces mortelles,
N’a fait, pour les cacher, que replier tes ailes,
Entraine-moi, mon ange, au delà des revers :
Et ne pose ton vol qu’en ces champs toujours verts,
Où l’air, plus savoureux que les fleurs qu’il caresse,
De ses esprits de flamme embaume la tendresse.
C’est là qu’en les voilant on peut doubler ses jours,
Qu’on peut aimer sans cesse, en le disant toujours.

Que m’importe la France et son faste inutile !
Ma patrie est aux lieux, où j’aimerai tranquille.
Le bonheur sans témoins dure le plus long temps :
L’Éden tant regretté n’eut que deux habitants.
Et, ne crains pas qu’un jour, retiré dans mon arche,
De la terre éloigné, j’en veuille voir la marche !
Qu’on juge avec mépris, absent de ses combats,
Ce stérile reflux des choses d’ici-bas,
Ce cercle monotone, où l’histoire s’agite !
C’est un rêve qui meurt au moment qu’il nous qu ittt",