Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/434

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Sans laisser plus de trace au fond de notre esprit,
Qu’une barque sur l’onde, un éclair dans la nuit,
Le bruit lointain du vent dans les plis des lianes,
Ou l’ombre d’un oiseau sur l’herbe des savanes.
Qu’est-ce, un peu haut placé, que ce noble fracas,
Qui frappe incessamment les digues des États ?
Demande au voyageur, debout sur la montagne,
S’il pense à la tempête, errant sur la campagne !
Comme un serpent sans dard, il voit ramper l’éclair :
Ses sillons sulfureux n’infectent point son air :
Et la mer nuageuse, où la foudre se baigne,
Ne peut même effleurer le pied qui la dédaigne.

Harmonieuse enfant de la lyre et des vers,
Ne pense pas non plus que la nuit des déserts,
En le privant d’échos, paralyse le barde !
Noschants n’ont pas besoin qu’un monde nous regarde.
Eh ! qu’importe qu’un nom, conquis par nos travaux,
De sa folle fumée aveugle nos rivaux !
Le génie est plus pur, ne voulant rien atteindre :
Il ne sert qu’à sentir les biens, qu’il pourrait peindre.
Briflant et captieux, sans prétendre étourdir,
Sûr, inspiré par lui, d’un cœur pour l’applaudir,
Il traite avec le ciel, de pensée à pensée :
A chaque élan d’amour l’âme est recompensée.
Dictés par tes regards, à tes genoux écrits,
Mes accents mconnus en auront plus de prix.