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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/436

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J’ai construit, comme un temple, où n’entre pointl’effroi,
Un asile si beau, qu’il semble fait pour toi.
Là, d’un ciel toujours pur, la chaleur adoptive,
Guérira ta langueur, de nos hivers captive :
De ses ruisseaux d’azur le murmure espagnol
S’y marie, à toute heure, au chant du rossignol,
Et des brises de mer la fraîcheur attiédie
S’y berce sous des bois, peuplés de mélodie.
Là, sous les daturas et les grands tulipiers,
Serpentent en rubans de magiques sentiers,
D’où l’on voit, sur les flots, polis comme l’agate,
Glisser le vol dormeur de la blanche Frégate.
Là, tandis qu’au parfum du blond gardenia,
Se joint la tubéreuse, ou le magnolia,
Et que de ces hymens la vapeur enivrante
Voltige, autour des sens, en rosée odorante,
Mille oiseaux, diaprés des plus riches couleurs,
Semblent semer dans l’air un parterre de fleurs,
Oususpendre, aux rameaux des arbres qu’ils brillantent,
Des colliers de saphirs et de rubis qui chantent.
Bruit, lumière, parfum, silence, mouvement,
Tout semble, dans ces lieux, uni d’un nœud d’aimant,
Ne former qu’un concert sans fin et sans prélude :
C’est l’âme du désert et de la solitude.