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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/438

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Et sur tes blancs vitraux, cachés dans les soieries,
Fait courir du jasmin les vertes draperies.
De Grenade, pour toi, réveillant l’Alhambra,
J’ai, sous le dôme obscur, où ton luth rêvera,
Emprisonné de fleurs la fraîcheur d’une eau vive :
Et d’arbustes grimpants la souplesse attentive,
De pilastre en pilastre, attache à ses lambris
Des lampes d’émeraude avec des feux d’iris.
Du jour, que ces bouquets dérobent sous leurs voiles,
Mille rayons, pareils à des fragments d’étoiles,
Font jouer sur les murs leurs réseaux bigarrés :
Et de l’ombre et du jour les reflets égarés,
Sur l’acajou poli des parquets élastiques,
Brodent, en vacillant, de frêles mosaïques.
C’est là que je t’attends, pour vivre à tes genoux,
Et déjà tous les arts s’y donnent rendez-vous.
Nous aurons, pour peupler notre palais d’ermite.
Les trésors, que l’étude offre aux âmes d’élite,
Ces livres, qu’ont écrits la joie ou les douleurs,
Qui gardent nos secrets, en nous disant les leurs :
La lyre, qui nous semble, à la mémoire unie,
Ouvrir vers l’avenir un sentier d’harmonie :
Le pinceau, qui raconte, aux regards captivés,
Les pays qu’on a vus, et ceux qu’on a rêvés :
Et de nos faibles yeux ces yeux auxiliaires,
Qui font presque toucher le ciel à nos prières.
Tout ce qui peut te plaire existe là pour nous.
C’est là que nous vivrons ; et, quand le temps jaloux