Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/439

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Blanchira mes chevaux et fanera mes heures,
Comme l’automne ici, les feuilles que tu pleures,
Tes lèvres, suides fronts de jeunesse éclatants,
Reliront ma tendresse et nos premiers printemps.

Un mot, ma bien-aimée, et voilà le navire !
Le navire est à l’ancre, et le vent qui soupire,
Déjà, dans ses agrès, se joue, en t’attendant :
Sa voilure déjà se tourne à l’occident.
Regarde, Maria, comme la mer limpide
Endort, de ses sentiers, l’azur souvent perfide !
Vois-tu, pour essayer la route des vaisseaux,
Voltiger en avant cette escadre d’oiseaux ?
Ils veulent tous partir : partons sous leur égide,
Et suivons l’hirondelle, ou le cygne intrépide,
Dont l’aile redemande, au vent oriental,
De rapporter son vol à son nid de nopal.
O Maria, partons ! ma mourante jeunesse
Ne peut plus vivre ici dans un air, qui l’oppresse :
Mon front courbé se ride, et mon cœur mutilé,
Sans qu’un seul cri l’atteste, expire désolé.
Vous, qui portez dans l’âme une lyre profonde,
Ne traînez pas ses sons dans les marais du monde I
Allez tous, comme moi, loin des lieux habités,
Débarrasser vos yeux du brouillard des cités.
Notre regard s’allonge aussitôt qu’on est libre :
L’âme, avec l’infmi, se sent en équilibre :