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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/44

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Mais la mienne, plus faible, a besoin, pour germer,
D’un sol qui la parfume et qu’elle puisse aimer.
J’ai besoin, pour prier, d’admirer la nature :
De voir les fleurs enfants rire dans la verdure :
D’entendre, au bord des nids, gazouiller les oiseaux,
Ou la brise du soir chanter dans les roseaux.
Je puis bien me passer des hommes : leur parole
M’irrite plus souvent qu’elle ne me console ;
Mais il faut que la terre, écho rival des cieux,
Converse avec mon âme et cause avec mes yeux.
Peuplant de ses beautés ma retraite bénie,
Il faut que ses trésors me tiennent compagnie :
Car je veux m’exiler, et non pas me punir,
Voir s’épurer le ciel, et non le rembrunir.
Où serais-jc, isolé, moins seul que dans ce cloître ?
Un monde, autour de vous, semble croître et décroître
A toute heure : et jamais visions du sommeil
Ne vous ont transporté dans un monde pareil.
Voyez ! dans l’ombre encor, la mer napolitaine,
Comme un acier bronzé ne s’entrevoit qu’à peine ;
Mais quand le jour viendra, que de riches tableaux
M’offriront ces bassins, ces vallons, ces coteaux,
Et la mer de Tyrrhène, et la rade azurée,
Où fuit du Catanais fa barque bigarrée !

VII.
Le jour vient : le voilà ! Le souffle du midi
Glisse légèrement sur le flot engourdi :