Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/43

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L’existence qui gronde, et dont le long fracas,
Pour arriver si haut, s’échappe de trop bas.
Vous, qui prenez ce bruit pour un concert céleste,
Fuyez, si vous voulez, cet exil : moi, j’y reste.

V.
Oui, je veux dans ces lieux, tapi comme un vieillard,
Envelopper mes jours de leur pieux brouillard.
Le manteau du bonheur ne sied point au poète :
La bure m’ira mieux qu’une robe de fête.
J’ai déchiré la mienne aux buissons ennemis,
Cherchant les biens trompeurs, que mes vers m’ont promis :
A quoi bon remplacer le songe qui s’envole,
Par un autre ? la gloire est menteuse et frivole,
Dit-on : pourquoi l’apprendre ? il vaut mieux en douter.
Puisqu’il n’est pas encor trop tard pour m’arrêter,
Endormons-nous ici dans notre indifférence :
J’y vivrai du regard, c’est plus que d’espérance.

VI.
Je ne pourrais jamais vivre, seul avec moi,
Dans ces terriers de Thèbe, où s’allaitait la Foi.
Des champs morts de Sais plante indéfinissable,
La prière des saints peut pousser dans le sable ;