Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/440

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La borne de l’esprit recule à l’horizon :
Le vaste du désert passe dans la raison,
Et, comme le condor, l’intelligence ailée,
Reine d’un air sans tache, y plane immaculée.

O misère ! affranchi par un jour de combat,
Il faut que je retourne au boulet du forçat :
On me condamne au monde, et mes songes de flamme,
En nuages de plomb me retombent sur l’âme.
Quel que soit l’univers, où j’aspire à monter,
L’inflexible destin, prompt à m’en écarter,
Repousse dans le bruit mon amour et ma lyre :
Dans l’air, où je me meurs, il faut que je respire.
Avant d’y reposer mon front pâle et flétri,
Mon Éden d’espérance est déjà défleuri,
Et, de ma vision solitaire et céleste,
L’isolement du cœur est tout ce qui me reste.
Pauvre cœur délirant, qu’on allaite de fiel,
Un mot, qu’on n’a pas dit, a détruit tout mon ciel !