Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/446

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Avec ton ombre au moins parler de mon veuvage !
Il semble, quand on voit, qu’on aime davantage :
Pour prier plus long-temps, on a besoin de voir :
Les yeux ont un aimant, qui fait venir l’espoir.

Chêne surnaturel, planté sur un abîme,
Tu crois que le génie, élargissant sa cime,
Peut envahir le ciel, et l’ombrager en roi !
Tente, s’il est permis, le miracle sur moi.
Pareil à l’oranger, dont la verte couronne
Mêle, aux fleursdu printemps, l’or mielleux de l’automne,
Et, près d’un globe mûr, en montre un qui mûrit,
Tu veux, à tout produire asservissant l’esprit,
Le voir, dans tous les temps, prodiguer ses offrandes.
Et plier à la fois sous toutes ses guirlandes !
Viens donc, par ton image, exorciser mes maux,
Et, comme le soleil, réchauffer mes rameaux :
L*arbre, aujourd’hui couvert de ses feuilles ridées,
Peut rajeunir pour toi son panache d’idées,
Et, baignant son sommet dans les sources du jour,
Y puiser un éclat, égal à mon amour.
Exauce ma prière et choisis les richesses,
Qu’il faudra t’apporter, pour payer tes largesses :
Si tu veux tout savoir, je puis tout découvrir.
Quels mystères d’élite irons-nous conquérir ?