Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/445

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Et, vers les temps futurs par le ciel envoyé,
Dans les flots du néant sombrer appareillé !

Engourdi, jusqu’au cœur, par le froid de l’absence,
J’ai, comme un sens vieilli, perdu cette puissance,
Qui fait, sous les glaçons, rosoyer le printemps.
Si quelquefois encor, pour alléger le temps,
Je ramène au travail un reste d’habitude,
Mon front reprend bientôt sa stérile attitude.
Quand j’ai, pour les finir, parcouru ces essais,
Dont un soupir de loi fut le. premier succès,
Que veux-tu ? mon esprit, prompt à changer de rêve,
[Je tes conseils féconds redemande la sève :
J’invoque tes discours, pour exalter les miens,
Des mots qui soientsi doux, qu’ils aient le son des tiens.
Ranni de tes regards, ma plume désolée
S’exerce à recueillir leur promesse voilée :
J’appelle ta présence au secours de mes vers :
J’épie, autour de moi, ton portrait dans les airs :
Sans pouvoir l’y saisir, j’en peuple leur silence,
Et mes crayons en deuil, que fuit ta ressemblance,
Laissant là l’infini, qu’ils devaient esquisser,
Recomposent tes traits, que je ne puis fixer.
Oh ! commande aux pinceaux de voler ton sourire,
D’envoyer à mes yeux ton regard qui m’inspire,
De calquer sur Pivoir ta grâce et ta beauté !
Que je puisse, à genoux devant ta chanté,