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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/453

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Aussi suivez en vous cet hymne de bravoure,
Ce salut du malheur au trépas qu’il savoure !
Et vous allez sentir, devenu Roméo,
— Le pouls de sa douleur, qui vous bat au cerveau.
On sent qu’à chaque note il reprend sa maîtresse :
A part dans son amour, à part dans sa détresse,
On sent que son tourment, qui ne peut plus monter,
Doit descendre au sourire, afin de s’attester.

Souvent le suicide est un dernier blasphème,
Un complot contre soi, qui s’attaque à Dieu même.
Fatigué de ces fers, qu’on nomme adversité,
Du cachot de la vie on s’évade irrité,
Et nos sanglants adieux ont le cri de la haine ;
Mais lui, quand il la brise, il aime encor sa chaîne.
A notre humble séjour qu’a-t-il à reprocher ?
Le ciel, en lui rendant ce qu’il y va chercher,
Fera-t-il plus pour lui, que n’avait fait la terre ?
N’a-t-il pas, dès ce monde impur et délétère,
Touché par le bonheur à la divinité,
Et dépassé l’espoir par la félicité ?
N’a-t-il pas, épuisant tous les genres d’ivresse,
A des autels furtifs consacré sa tendresse ?
Sur son cœur une fois n’a-t-il pas sommeillé ?
Ne s’est-il pas, trop tard, dans ses bras, réveillé ?
Et, si lent jusque-là, si pesant dans sa fuite,
Le temps n’avait-il pas volé pour eux si vite,