Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/454

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Que, malgré l’alouette et le jour qui la suit,
Ils niaient la lumière, et croyaient à la nuit ?
Sous l’aile de l’amour traversant l’existence,
Lui, qui n’a jamais vu, se ternir d’inconstance,
Le cristal azuré de son jeune horizon,
Pourrait-il, en partant, flétrir sans trahison
La patrie, où son âme apprit l’heur d’être aimée,
Et qui de sa maîtresse est encore embaumée ?
Ce monde eut-il pour lui quelque coupe de fiel ?
Non : l’amour partagé, c’est notre premier ciel.
Le second, c’est la tombe, où cet amour s’envole.
C’est la tombe aujourd’hui, qui garde son idole :
Et du cierge incliné l’éclat trouble et penchant
N’est pour lui qu’un soleil, qui se lève au couchant.
Il sent que ce repos, ce sommeil qu’il envie,
La mort, n’est qu’un chemin qui ramène à la vie.
C’est une autre union, qui s’apprête : un lien,
Contre lequel au moins le temps ne pourra rien ;
Et, courant au-devant de sa sainte conquête,
Le cercueil nuptial s’ouvre à son chant de fête.

« Ombre de mon bonheur, Juliette, attends-moi !
» Je commence à revivre, pour mourir avec toi.
» Dans ton ciel solitaire, ombre adorable et pure,
» Attends-moi ! je te suis. Une main prompte et sûre,
» De mon dernier hymen rallume le flambeau :
» Je me meurs ! oui, déjà l’air béni du tombeau,