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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/458

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INVOCATION.

Dédaigneux jusqu’ici des formes consacrées,
J’ai laissé de mon luth les cordes désœuvrées
Répondre, d’elles-même, au vent capricieux,
Que le soir indolent leur apportait des cieux.
Je n’ai point appelé, pour cacher ma faiblesse,
Des muses d’autrefois la fabuleuse ivresse :
Et jamais d’aucun dieu ma crédule ferveur
N’a rêvé les secours, ou traduit la faveur.
Le pied libre et léger au seuil de ma carrière,
Je ne connaissais pas cet instinct de prière,
Qui nous aide à poursuivre un chemin commencé.
Aujourd’hui que j’ai vu, sur l’horizon glacé,
Comme un guide inconstant fuir l’étoile adultère,
Qu’on appelle Espérance en langue de la terre :
Que, jeune encorde jours, mais bien vieux par le cœur,
L’isolement sans terme altère ma vigueur,
J’ai besoin d’implorer, pour soutenir ma route,
Quelque ange protecteur, qui m’aime, et qui m’écoute.